Cette expression est apparue il y a quelques années dans le sillage de la race Grand Noir du Berry. Elle stigmatise les animaux doté d'une queue réputée courte et peu fournie sur le fouet. Ce constat agite régulièrement le microcosme asinophile local. Pour certains, la dépilation observée sur la queue de certains animaux est une tare qui s'expliquerait par une dégénérescence de la race, d'autres l'attribuent à un champignon, à un virus, à un parasite...les avis sont variés et ne font pas avancer le débats car privés d'arguments vétérinaires.
J'ai, dans ma pratique d'éleveur et étalonnier, eu à observer de très près le phénomène sur un échantillon d'animaux différents de celui sur lequel on se base le plus souvent, c'est à savoir les bêtes en compétition dans les concours de race. J'ai eu ainsi l'opportunité de suivre un certains nombres d'ânesses qui échappent généralement à l'attention des censeurs, qui voudraient que les mâles présentant ces symptômes soient déclassés comme reproducteurs, et que les femelles atteintes soient exclues du stud-book de la race (ce qui, en passant, aurait le mérite d'effacer une bonne partie de leurs concurrents du paysage - ceci pouvant parfois expliquer cela). Ces bêtes sont rarement présentes sur des foirails, car propriété d'éleveurs peu mobiles ou vivant loin du berceau de la race. Le seul point commun que j'ai pu relever à mon niveau est la couleur de la robe. Ce sont surtout des ânesses très noires qui portent des queues réputées courtes - je dis bien "réputées" car je ne connaît personne qui ait jamais entrepris de mesures à grande échelle. Je n'ai aucun exemple d'âne à la robe claire (bai brun à bai brun foncé) marqué par ce défaut. Pour autant qu'on puisse en juger, il n'y a pas de transmission systématique. Un mâle "queue de rat" peut donner toutes les épaisseurs de fouet possibles, et autant pour les mères. Inversement, des reproducteurs à l'appendice caudal assez fourni ne sont pas garants de produits irréprochables. Le phénomène ne semble pas contagieux car dans un même élevage, tous les modèles peuvent cohabiter pendant des années sans que les sujets nées avec des queues fournies ne perdent leurs poils. Une ânesse dite "queue de rat" peut indifféremment générer des sujets avec des fouets plus ou moins épais. Contrairement à une idée reçue, les animaux avec une queue diminuée ne souffrent pas plus que les autres des attaques d'insectes hémophages.
Alors? Alors je reste sur ma première impression, celle d'une tentative de dévalorisation d'animaux sur un critère très subjectif, mal étudié, sur lequel, si on est honnête, on est incapable de trancher faute de matériel scientifiquement récolté. Une queue bien fournie peut cacher beaucoup d'autres défauts sur un animal et être un bon argument de vente pour qui sait l'employer.