L'âne Grand Noir du Berry n'est pas le seul représentant de la gent asine à peupler les bocages du centre de la France. Une autre race, l'âne du Bourbonnais, a vu le jour il y a quelques années.
Contrairement à l'âne du Berry, très solidement implanté dans la région depuis des temps très anciens, comme on pu le prouver une abondante iconographie et une littérature assez précise sur la question, son cousin bourbonnais est d'essence beaucoup plus récente. Contrariés par les exigences d'un stud-book Grand Noir qui refoulait les ânes trop clairs, de petite taille et surtout portant une bande cruciale plus ou moins marquée, des éleveurs et maquignons ont, dans les années 90, cherché à rassembler des individus assez disparates dans un stud-book cohérent, afin de valoriser des animaux marginalisés par la rigueur (tout à fait justifiée) des juges en race Grand Noir et créer une nouvelle race asine dans le sillage de l'âne du Berry reconnu en 1994.
Après des débuts chaotiques - certains ânes déclarés Bourbonnais avaient été achetés en Normandie et région parisienne, voire étaient descendants directs non déclarés de Vagabond du Berry, ancien baudet national Grand Noir, avec des ânesses de pays - le travail des éleveurs du Bourbonnais a payé et a permis de mettre en valeur une race homogène, de belle qualité, plus petite que sa voisine du Berry. Contrairement aux craintes initiales, l'un n'a pas concurrencé l'autre et chaque race a ses inconditionnels.
Si on veut bien me pardonner cette comparaison hédoniste avec les grands whiskies d'Ecosse, le Grand Noir est un pur malt et le Bourbonnais un blended, aussi recommandables l'un que l'autre auprès des amateurs de goût.